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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 07:04

Des clapotements d’amertume
Envahissent les viscères de la terre,
Des senteurs immondes et abjectes
Recouvrent nos sens endormis
Et des glaires honteuses
Transpirent nos mémoires
Tandis qu’une pluie de maux
S’abat sur nos lèvres endolories
Par de luxuriants mensonges.
Vision d’abîme dans nos cœurs.

Nos âmes s’éloignent de la vie. 
Le monde s’entretue,
La nature se révolte,
L’orage gronde..
Et pourtant,
Tout n’est que calme, luxe et volupté..

L’hypocrisie nourrit notre cœur,
Nos yeux sont clos, 
Nos oreilles sont corrompues
Et notre bouche bâillonnée

Par les mots le poète ironise
Par les maux sa pensée agonise

Nanou, Septembre 2005

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 07:00
Si tout va bien, je meurs demain.

A quoi bon vivre sa vie sans savoir quand ni de quoi sera fait le dernier jour ? J’ai toujours trouvé idiot de mourir de façon banale et inorganisée. Se dire qu’on se lève un matin et que peut-être le soir, en rentrant du boulot un énergumène causera un accident qui m’amènera tout droit vers la mort, sans que je n’ai pu dire au revoir à personne, sans que je n’ai même eu le temps de m’en apercevoir. Je n’ai jamais aimé les surprises. Je veux être maître de ma vie, et donc maître de ma mort. Peut-être est-ce parce que j’ai toujours été frustrée de ne pas avoir été maître de ma naissance…

 Quoiqu’il en soit, j’ai déjà tout organisé. Tout planifié. Dans le moindre détail. Si tout va bien, je meurs demain….

Je prépare mon coup depuis des mois. Je veux être maître de mon destin. J’ai choisi le moyen, la date et le lieu avec minutie, ainsi que la personne qui m’aidera à franchir cette étape. Le piège se referme petit à petit... j’ai toujours rêvé de mourir ainsi. Voilà comment les choses se sont déroulées :
 
Jour J-60
J’ai choisi mon exécutant. Il n’est pas spécialement beau mais il a du charme. Un sourire doux et intimiste. Son allure est svelte, son corps bien sculpté mais pas trop. Juste ce qu’il faut. Je l’ai bien étudié. De loin, d’abord. C’est quelqu’un de jovial, entouré d’amis. J’ai remarqué une certaine timidité qui transparaît sur son visage lorsqu’un personnage féminin s’approche de lui. Il semble très serviable aussi. Difficile à imaginer qu’un homme comme cela soit encore célibataire. Il faut que j’approfondisse, il doit avoir quelques manies, déjà à 34 ans, qui expliquerait son célibat.
 
Jour J-55
J’accroche aux murs de ma chambre les photos que j’ai prises discrètement de lui avec mon appareil photo numérique, tel un vrai détective. Je m’en imprègne doucement. Il est toujours souriant et son visage d’enfant illumine chacune de mes photos, qu’il fasse beau ou qu’il fasse gris. C’est lui. J’en suis certaine. Il sera le parfait exécutant, celui qui m’aidera enfin à mourir dignement.
 
Jour J-50
Le maquillage est discret, les cheveux détachés, le style décontracté, comme le sien. Je fais une approche remarquée. Un café renversé malencontreusement sur sa chemise. La confusion. D’énormes tâches rouges viennent immédiatement auréoler ses joues. C’est bien comme cela que je l’imaginais.
-         Oh, mon Dieu, quelle maladroite je suis, dis-je en prenant l’expression la plus décontenancée (j’ai fais du théâtre, c’est mon rôle préféré !).
Je prends un mouchoir que me tend le barman et essaye d’effacer toute trace sur sa chemise. Au passage, je tâtonne son buste avec délicatesse et sensualité.
-         Ce n’est pas grave, me répond-il, presque plus gêné que moi.
-         Quand même, dis-je, je suis navrée.
Et la conversation s’enchaîne. Nous nous découvrons des goûts communs, il me laisse entendre qu’il vient une fois par semaine dans ce bar, tous les mardi. Le tour est joué. Il vient de me dire implicitement qu’il souhaite me revoir.
 
Jour J-30
Voilà plusieurs fois que nous nous retrouvons. Il faut aller doucement, surtout ne pas le précipiter, ne pas le brusquer. Il a besoin de se sentir en confiance. Je ne le force pas. Tout doit venir de lui. Uniquement de lui. Sinon mon plan risque d’échouer. Notre amitié s’intensifie au fil des jours. Nous nous voyons plus régulièrement encore. Je me prends au jeu aussi. Il est vraiment charmant et je me dis que j’ai fait le bon choix. J’en suis convaincue. C’est lui qui aura le rôle de l’exécutant. C’est cet homme qui va me faire mourir.
 
Jour J-15
Le poisson accroche de plus en plus à l’hameçon. Hier il m’a offert des fleurs. Et puis l’invitation au restaurant. J’ai bien senti qu’il voulait prolonger la soirée. L’amitié se transforme de plus en plus en des sentiments très forts, plus flous, plus intimes, des regards malicieux et complices. Mais c’est encore trop tôt. Il faut que ma présence lui devienne indispensable. Il n’est pas encore assez mûr. Je veux qu’il soit certain de son rôle. Et surtout qu’il soit à la hauteur de ce que j’attends de lui.
 
Jour J-7
Pour être certaine de ne pas m’être trompée, j’invente un déplacement à l’étranger. Nous n’allons pas nous voir de 6 jours. Six longs jours où nous allons nous attendre dans l’espoir de retrouvailles grandioses.. Ca fait partie du plan. C’est le bouquet final. C’est important pour lui, comme pour moi. Nous devons être sûrs de nos sentiments. Je suis prise à mon propre piège, je sens que je tombe amoureuse. C’est parfait. Nous nous appelons tous les jours. Le téléphone nous permet de consolider nos sentiments. Plusieurs fois par jour nous faisons sentir à l’un comme à l’autre qu’il nous manque. Rattraper le temps perdu. Nous n’avons plus que ce mot à la bouche. Dès mon retour, nous ne nous quitterons plus, nous franchirons enfin le cap. Nous n’en pouvons plus de nous attendre. C’est parfait. Impeccable. C’est comme cela que j’imaginais mon plan.
 
Jour J-1
Un dernier coup de fil pour organiser nos retrouvailles. Il viendra me chercher à l’aéroport et nous rejoindrons directement son appartement. Je n’ai jamais été aussi heureuse.
 
Jour J
Nous y sommes. Quel bonheur de nous retrouver. Nous nous serrons dans les bras, ne nous lâchons plus des yeux. Dans la voiture, pas un mot. Nous nous contentons de sourire et de nous regarder tendrement. Il ouvre la porte de son appartement. Comme je l’imaginais, il a tout prévu. Un seau de champagne posé à même la table sur laquelle sont disposées deux assiettes blanches qui n’attendent plus que nous. La pièce est dans la semi-obscurité. Il éclaire. Un éclairage feutré. L’ambiance est crée. Nous ne communiquons plus qu’avec nos yeux. Nous sentons monter en nous ce désir de nous retrouver après deux longs mois de cache-cache affectif. Nous nous dirigeons vers sa chambre. Les draps ont l’air si doux et si moelleux.. Nous nous jettons dans les bras l’un de l’autre. Ca y est, je suis prête, maintenant je peux mourir….. d’amour !


Nanou, septembre 2007
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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 07:50
Assis au bord de la mare, je contemplais le monde qui s’offrait à moi : un tapis d’herbes sauvages courait le long de la petite étendue bleue aux reflets dorés et argentés. Une grenouille coassait à pleins poumons sur un nénuphar en fleur. Le soleil, très haut dans le ciel azuré, me réchauffait le cœur.  La vie continuait tranquillement son bonhomme de chemin. Cesbeautés et richesses temporelles m’avaient presque fait oublier la raison de ma présence ici…
Le matin même, j’avais pris le soin d’acheter un énorme bouquet de pivoines et de nigelles bleues et blanches pour ma fiancée. Nous étions ensemble depuis un an et je souhaitais marquer dignement l’évènement et profiter de l’occasion pour aborder avec elle mon souhait de fonder une famille. J’étais prêt pour tout cela. L’avenir ne me faisait pas peur. J’étais féru de généalogie et je me faisais un plaisir fou d’imaginer l’arbre familial s’étoffer encore… Je savais depuis longtemps qu’elle serait la mère idéale pour mes enfants, et qu’elle tiendrait ce rôle à la perfection.
Nous avions rendez-vous à midi chez elle, avant d’aller au restaurant « La soupière d’Ernest », très réputé pour son ambiance feutrée et sa cuisine traditionnelle. Lorsque j’arrivai devant l’appartement de mon amie, je fus surpris de trouver les volets bleus fermés. Je sonnai. Pas de réponse. J’insistai. Mais la porte restait désespérément fermée. Trop excité à l’idée de la retrouver, je n’avais pas vu tout de suite le petit mot lové dans la serrure. Mon visage se crispa. Les mots qui se déroulaient devant mes yeux à présent me faisaient froid dans le dos : « Oublie moi. Je ne suis pas digne de toi. Je n’ai pas l’ossature suffisante pour assumer ce que j’ai pu lire dans tes yeux ces derniers temps. Tu sais comme je tiens à ma liberté… et liberté ne se combine pas avec vie de famille. Je ne te l’ai jamais caché. J’ai même essayé plusieurs fois de te le faire entendre, mais entre toi et moi il y a un immense pont d’incompréhension. Tu n’entends que ce que tu veux bien entendre. L’amour t’a rendu aveugle au point de ne pas voir que je ne suis pas celle que tu espérais secrètement. Je ne veux pas être celle que tu veux que je sois. Rester moi-même. C’est ma seule ambition.  Malheureusement, ces derniers temps je sentais le piège se refermer sur moi, alors j’ai pris la décision de partir. C’était fondamental.  Pour toi, pour moi. « 
Assis au bord de la mare, où nous avions l’habitude de nous retrouver, j’éparpillais quelques pivoines et nigelles sur cette étendue paisible comme l’on éparpillerait des cendres en mer… Je contemplais soudain le monde avec amertume et les yeux embués.
Nanou, Septembre 2007
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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 07:45

Foudroyants et appuyés

Tes pas au compas enlacés

Martèlent le plancher de grâce,

Et même l’espace,

D’un soubresaut violent

Se meut un instant

De souffrances et d’émois

De querelles et de joies.

 

C’est le temps du baile

Et de la magie du cante

Qui enlacent ton corps

Que les palmas honorent.

 

C’est le temps de la vie

Au rythme infini

Des taconeados soutenus

Et des desplantes impromptus

Sous les palos changeants

De nos amours d’antan

Que ni le redoble, ni le remate

Ne cesseront de couronner.

 

C’est le temps qui passe,

Au rythme des coplas

Et des desplanteados,

Le temps des taconeos.

 

Nanou, Septembre 2008

 

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10 décembre 2008 3 10 /12 /décembre /2008 07:40

Calella,

Plus belle que jamais dans ta robe bleutée,

Alors que la lune dans son halo doré

Pigmente ton visage de mille reflets,

Tu nous recueilles en ton sein, pauvres naufragés,

Echoués sur tes rives, esclaves de ton corps,

L’écume de nos larmes jetée comme un sort,

Tu te déhanches si fort au vent des remords

Que les marins, hagards, s’en souviennent encore.

Quand le jour enfin, se lève sur Calella,

Dont les murs immaculés dans le bleu se noient,

Le temps suspend son souffle et s’accroche au parois

De nos mémoires plongées dans le désarroi,

Et la brise marine, dans nos cœurs tournoie

Au rythme endiablé d’une vieille burleria.

 

 

Nanou, juillet 2005

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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 07:37

Mots courbés sans vie ni passé,
Echo subtil d’un monde qui file
Sans moi, vaincue, à terre, déchue.

Mots blessés au fil des années
Murmure aigri et papier flétri
Qu’on range là, dans un débarras.

Mots qui grondent au rythme des ondes
Parfois la nuit noyant mes envies
Dans le bazar de mes cauchemars.

Mots qui hurlent et qui bousculent,
Fragiles et forts, criards et frivoles
Sans un murmure jamais ne laissant filtrer.

Je voudrais qu’on m’ouvre le cœur
Pour accoucher de ces mots, de ces pleurs
Qui se nourrissent de mes plaies intérieures.
Que ces mots se fassent fiers,
Que ma plume s’abreuve de leur chair 
Comme avant que je ne tombe à terre !

Je voudrais qu’on m’ouvre le cœur
Et qu’une pluie de doutes et d’erreurs
Inonde ceux qui veulent me faire peur,
Que ces mots se fassent si lourds
Et les entraîne sans aucun détour
Vers les bas-fonds de leur basse-cour.

Nanou, février 2006

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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 21:33
Ecrire,
Pour ne plus leur dire,
Ce qu'ils n'entendent pas.
Sourire,
Pour ne plus transcrire
Tous leurs regards froids.

Et plonger ,
Dans l'encre
De mes désillusions

Courir,
Vers d'autres siècles
Qui me ressembleront.
Fuir,
Vers l'horizon,
De mots qui m'accueillent.
Cueillir,
Le fruit de mes entrailles
Qu'ils ne connaissent pas.
Verser,
L'encre de mes illusions
Leur dire,
Ce qu'ils ne peuvent entendre

Et partir,
Dans l'ailleurs noir
De mes cauchemars.
Nanou
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12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 07:15

Le papillon espionne la fleur sauvageonne

Puis doucement se pose sur son corps sucré.

Son costume de velours noir tacheté, il rayonne

Comme un maître des lieux incontesté.

Farouche et sournois, sur elle, le papillon déploie

Une pluie de pétales bariolés, un océan de graffitis,

Inonde son esprit de souvenirs narquois

Puis virevolte de soubresauts exquis

La fleur étourdie frissonne, le papillon éperdu chantonne

Une ritournelle langoureuse  puis s’abreuve en son sein,

La réveille enfin, de caresses folles et gloutonnes

Qui s’enfuit déjà vers d’autres chemins.


© Nanou, Aout 2005

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10 octobre 2008 5 10 /10 /octobre /2008 07:12

 

 

Si je trouvais les mots,

Si je trouvais les phrases,

Les tournures et les propos,

Les expressions et les tirades..

Si l’amour c’était simple,

Si l’amour c’était clair,

Si il n’y avait pas de destin,

Si il n’y avait pas de barrière..

Je parfumerais tes lèvres

De légendes et de fables

A demi-mot, à demi-rêve

Dans un écho interminable..

Si le monde était disposé

A se nourrir de sagesse,

Si l’amour était gai,

Et noyé d’allégresse..

Si la vie était joyau

Si tu étais mon chevalier

Si nous étions nés égaux

Si nous étions tous bien nés..

Y aurait-il dans nos yeux

Plus d’amour que de haine,

Moins de sanglots honteux,

Moins de couleurs vilaines ?

Mais on ne nous a jamais appris

A consulter nos rêves

A voguer sans mépris

Lorsque la nuit s’achève...

Si je t’aime voulait dire

Tout ce qu’au fond de moi

Bouillonne sans jamais ne sortir

Je te le crierais je crois.

Si je t’aime c’était facile à clamer

Pour nous, pauvres démunis

Si je t’aime c’était réciprocité

Il n’y aurait plus d’infamie.

Dans ce monde inébranlable

D’hypocrisies, d’amour jauni,

De certitudes incontrôlables

D’habitudes et d’alibis..

Si tu me donnais l’amour,

Je briserais cette prison,

J’en oublierai les contours,

Nous nous envolerions..

Je parfumerais ton corps

D’arômes mystérieux,

Je changerais le décor,

En univers heureux.

© Nanou Février 2006

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8 octobre 2008 3 08 /10 /octobre /2008 07:09


Il fait lourd dans ma mémoire, comme un été tiède sur les bords du Tage,

Et les vagues caressent de leurs longues sueurs azurées et blanchâtres

Les innombrables méandres de sa jeunesse fatiguée par les outrages

Du temps, oxydé, rongé, entre découpé d’oriflammes brunâtres.

 

Il fut un temps, où les couleurs festoyaient dans cette caverne dorée

Où les images s’entrelaçaient d’un bonheur à demi somnolent

Une féérie d’étoiles scintillantes de rires et d’éclats marbrés

Qu’aucune larme ni aucun cri ne sût en balayer le mouvement.

 

Désormais, le vide s’est fait forteresse de ce passé majestueux

Et d’horribles migraines naissent à l’horizon des mots oubliés

Mon enfance s’éloigne dans les dédales de mes souvenirs boiteux

Et je m’invente des lendemains pour garder le fil de mes pensées.

 

 Il fait lourd dans ma mémoire, comme un été tiède sur les bords du Tage.

Nanou © Octobre 2005

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