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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 07:08

Sur la lande de mon désespoir, la brume recouvre l'éternité. Une brume opaque de poussières.

Comme un survivant, j'erre à travers ce monde dévasté, l'âme en peine de n'avoir pas su aimer.

A la traîne, les yeux baissés. Seul dans ce désert dont l'immensité me noie, ni être humain ni animal ne se disputent la terre. Pas même un corbeau ne survole les cadavres jonchés à même le sol âpre et stérile.

Je cherche un rayon pour illuminer ma vie, un bout de soleil pour accrocher à mon regard, j'implore les astres de m'ouvrir leurs bras, mais comment survivre quand on est le dernier ?

Je fouille en moi des souvenirs joyeux,

D'avant la catastrophe,

Et la conséquence de tous ces massacres,

D'avant la tumeur

Qui a rongé le monde

Jusque dans les entrailles

De la cruauté.

Mon crâne douloureux me donne le vertige, et comme un meurtrier le remord m'habite. Mes pieds se dérobent, un cratère abyssal se forme alors dans lequel je plonge les yeux fermés. Victime ou barbare ? Dans ma chute longue et interminable, j'entends alors un vacarme surdimentionné. Des bribes de conversation viennent me hânter. Des images aussi violentes qu'immorales, aussi indignes que répugnantes prennent mon cerveau en otage. Les hommes sont des carnassiers, et veulent sans cesse se nourrir de ce qu'ils n'ont pas. Ils croient que le pouvoir leur donnera des ailes, et pourtant, rien n'est plus fragile qu'un homme au paroxysme de son hégémonie.. Et pourtant, ne suis-je pas comme eux ? J'ai mordu la poudre tel un mourant s'aprète à mordre la poussière.

 

Ma descente est interminable. Je tournois dans tous les sens, mon corps à moitié déchiqueté déja, se choque contre les parois de l'inadmissible. Je sens mon coeur exploser de hônte et s'enliser dans une détresse insoutenable. Serait-ce que j'arrive aux portes de l'Enfer ? J'ai peur et froid. Mon sang ne circule plus et me voilà maintenant emmuré à ma propre image. Pire que mon reflet dans le miroir, je vois un homme réduit à sa plus simple expression. Une sorte de carcasse rongée par la morbidité. Combien de temps va encore durer cette folie ? Je cherche une lumière, mais l'endroit est sombre. Beaucoup de personnes qui sont revenues d'un côma profond racontent toujours cette chose incroyable qui fait que l'on nage dans une sorte de bonheur juste avant d'être happé par une lueur éclatante et de rentrer dans un tunel. Mais ici tout est noir. Profondément noir comme dans un cercueil. Sauf que j'entends des coups qui frappent dans ma tête.

Je ne cherche plus à lutter d'ailleurs. Ma carcasse tout entière s'est maintenant effondrée à terre. J'attends. Comme un animal sur l'autel des sacrifices.  Apportez-moi vos offrandes et mon sort sera jeté !

Il ne vous manque plus que le poison à m'administrer, et comme ça je pourrais enfin m'envoler vers les miens. A moins que vous me réserviez encore d'autres surprises ? C'est donc à ça que ressemblent les dernières minutes d'un condamné qui s'est brûlé les ailes sur la vie terrestre ? Mais pourquoi moi ? Ai-je été le seul à saccager notre monde, à en faire une terre de feu et de misère ? Je ne suis pas responsable de tout le désastre de notre planète ! Si l'eau a manqué, si les forêts ont brulé, si le monde entier s'est noyé dans le mal et la cruauté, est-ce par ma faute ? Je suis le dernier, c'est donc à moi de payer pour les autres, c'est ça ?

Ne plus penser,

Oublier les brûlures du temps,

Et ne plus jamais se relever.

Dans les profondeurs de mon âme blessée, je voudrais hurler ce silence abyssal. Mais l'écho ne me répondrait certainement pas. Je n'en vaux pas la peine. Je ne sais combien de temps mes facultés vont perdurer, je compte les minutes avant ma déchéance annoncée.

Demain, c'est sûr, j'arrête de boire et je me consacre au sauvetage de notre planète !

 

Nanou, janvier 2008
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commentaires

N
Je me souviens, il n'était pas évident à écrire ce texte, la consigne n'était pas facile. Merci de ton passage Sam<br /> nanou
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S
Un très beau texte où on sent l'incompréhension, le tangage entre différents sentiments.
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